L’œil du SP — Que l’on parle d’entraînement croisé, de crosstraining, de crossfit ou d’Hyrox (ces deux derniers étant des marques déposées), l’ensemble de ces pratiques sportives a pour principal objectif l’optimisation de la condition physique par le biais d’une approche globale.
Cette optimisation de la condition physique passe par la réalisation d’exercices fonctionnels variés avec une certaine intensité. Précisons d’emblée que cette intensité sera modulée, et modulable, selon le profil du sportif, son niveau personnel, sa fatigue, et l’exercice pratiqué. Contrairement aux idées reçues, l’entraînement fonctionnel ne demande pas de se mettre dans « le rouge » de façon systématique. Cela est contre-productif et empêche la progression de l’athlète tout en conduisant à la blessure.
Mais qu’est-ce qu’un exercice fonctionnel ? Il s’agit d’un exercice utile, naturel et transférable à notre activité professionnelle de sapeur-pompier.
Ces techniques d’entraînement visent à développer le fitness du pratiquant.
De l’anglicisme « fitness », chacun aura à cœur de lui donner sa propre définition. Les plus anciens auront en tête les clichés des années 80 avec les vidéos de Véronique et Davina… Bandeaux fluo, jambières en laine et… douche du générique de fin. Mais revenons à la définition du fitness.
Le fitness d’un pratiquant est sa capacité à développer les dix grandes compétences physiques générales. Ces dix compétences sont les suivantes : l’endurance cardiovasculaire et respiratoire, la résistance, la force, la souplesse, la vitesse, la puissance, la coordination, l’agilité, l’équilibre et la
précision.
L’ensemble des compétences physiques du fitness se développe par un entraînement mêlant des mouvements de gymnastique au poids de corps (les tractions, les pompes, les pieds barres, le grimper de corde, dips), l’utilisation de charges externes quelles qu’elles soient (haltères, kettlebells,
haltérophilie ou sacs de sable dit sandbags) et la pratique d’une activité cardio-vasculaire (course à pied, utilisation d’ergomètres tels que le rameur, le vélo ou le skierg). C’est bien à cela que renvoient les mouvements fonctionnels polyarticulaires par opposition à des mouvements d’isolation
musculaire, plus utilisés par les pratiquants de musculation ou de bodybuilding.
De plus, ces séances d’entraînement permettent par leurs variations tant en termes d’intensité, de durée que de mouvements, d’utiliser l’ensemble des filières énergétiques que le corps humain met à notre disposition pour faire face à l’activité physique. C’est bien tout l’intérêt de l’entraînement
fonctionnel, du croisement des disciplines, de l’incorporation d’une certaine intensité dans la réalisation, pour permettre le développement du niveau de fitness recherché.
Certains diront que le fitness nous éloigne de la maladie, de « l’illness » comme le disent les anglophones. Illness, wellness, fitness en anglais dans le texte.
ENTRAÎNEMENT FONCTIONNEL ET PRÉPARATION PHYSIQUE OPÉRATIONNELLE
La préparation physique opérationnelle (PPO) vise au développement des qualités physiques liées au travail, et donc à la réalisation de la mission, par le militaire, le fonctionnaire des forces de sécurité intérieure (FSI) et, bien sûr, le pompier.
Pour réaliser ses missions, chaque sapeur-pompier doit faire preuve d’une capacité physique et mentale de bon niveau voire, de haut niveau. La PPO consiste à mettre en place des entraînements qui se rapprochent le plus possible des efforts que le pompier retrouvera lors de la réalisation de ses
interventions.
Les avantages de l’utilisation de l’entraînement fonctionnel dans la PPO sont multiples. Il s’agit de séances courtes, ou semi courtes, de séances variées donc évitant la routine, de séances réalisables en groupe qui permettent l’émulation, le dépassement de soi, et le développement de la camaraderie au sein du centre de secours et de la garde d’incendie.
Le sapeur-pompier doit être capable de sauter, courir, pousser, tirer, déplacer une charge, déplacer son propre poids. Il sera amené à le faire sous stress, sous fatigue, et équipé de sa tenue de feu et de son appareil respiratoire isolant (ARI) le tout dans un environnement plutôt hostile. On comprend donc l’utilité des dix compétences physiques qui ont déjà été détaillées plus haut. Ces compétences physiques deviennent les dix piliers de la performance opérationnelle. Elles sont toutes interdépendantes et essentielles à l’efficacité sur le terrain.
On comprend donc aisément la nécessité du développement d’un certain niveau de fitness.
Tableau des dix piliers
| Endurance cardiovasculaire et respiratoire | Capacité des systèmes de l’organisme à accumuler, utiliser et fournir l’oxygène. C’est le moteur : la capacité à capter, transporter et utiliser l’oxygène pour tenir un effort intense et prolongé, sans rupture. |
| Résistance | Capacité des systèmes de l’organisme à traiter, fournir, stocker et utiliser de l’énergie. Le carburant de la mission : savoir produire, stocker et exploiter l’énergie nécessaire pour durer, quelles que soient les conditions. |
| Force | Capacité des muscles à appliquer une force. La capacité brute à déplacer, tirer, porter ou stabiliser une charge essentielle pour agir efficacement sur le terrain. |
| Souplesse | Capacité à optimiser l’amplitude des mouvements d’une articulation. Un corps mobile est un corps durable : optimiser l’amplitude articulaire pour mieux bouger, éviter les blessures et s’adapter aux contraintes de l’environnement. |
| Puissance | Capacité des muscles à appliquer une force maximale dans un laps de temps minimal. L’explosivité utile : produire un maximum de force en un minimum de temps, pour agir vite et fort quand la situation l’exige. |
| Vitesse | Capacité à minimiser le cycle temporel d’un mouvement répété. Être rapide dans l’exécution d’un mouvement ou d’une séquence d’actions, un atout clé pour gagner du temps et de l’efficacité. |
| Coordination | Capacité à combiner plusieurs schémas moteurs distincts en un seul mouvement. Harmoniser plusieurs actions techniques en un seul mouvement fluide et maîtrisé : grimper, saisir, stabiliser, intervenir… |
| Agilité | Capacité à minimiser le délai de transition d’un schéma moteur à un autre. S’adapter instantanément : changer de direction, de rythme ou d’action sans perte de contrôle ni de performance. |
| Equilibre | Capacité à contrôler le placement du centre de gravité du corps par rapport à une base d’appui. Garder la maîtrise du corps, même en terrain instable, chargé ou dans l’urgence. Un socle indispensable pour agir avec précision et sécurité. |
| Précision | Capacité à contrôler le mouvement dans une direction donnée à une intensité donnée. Chaque geste compte : être capable de diriger un mouvement, une action ou un effort avec exactitude, au bon endroit et à la bonne intensité. |